Seigneur, mon Dieu, je vous donne ma vie,
Heureux d'avoir entendu votre appel,
Et ressenti dans mon âme ravie
Un avant goût des délices du ciel.
O douce ivresse! ô joie inexprimable!
Je suis à vous, Seigneur, mon seul amour.
Voeu solennel! serment irrévocable!
Je vous appartiens sans retour.

(Refrain)
C'en est donc fait, ô vanités du monde,
Retirez-vous, je vous ai dit adieu;
Du ciel je goûte enfin la paix douce et profonde:
Mon coeur est tout Dieu!

Qu'ai-je quitté? L'ombre ou bien la chimère,
Pour la lumière et pour la vérité.
Richesse, honneur, voluptés de la terre,
Tout est mensonge, orgueil et vanité.
Leur faux éclat séduit un coeur vulgaire;
On les recherche avec avidité;
Qu'y trouve-t-on? Un peu de lie amère
Ay fond d'un calice enchanté.

Partout le trouble incessant qui l'agite,
Empêche l'homme ici-bas d'être heureux:
Il a besoin du bonheur sans limite
Auquel aspire un coeur fait pour les cieux,
Mais sur la terre il n'est rien qui répondre,
Même un instant, à ces nobles ardeurs;
Non, car nos coeurs sont plus grands que le monde,
Dieu seul est plus grand que nos coeurs.

Auprès de lui, l'âme n'est plus captive
Et sent la paix succéder aux soupirs:
Elle a trouvé la fontaine d'eau vive
Pour étancher la soif de ses désirs.
Tout passe, hélas! beauté, plaisirs, richesse!
Tout chaque jour s'efface et se ternit;
Mais près de Dieu le bonheur croit sans cesse,
Et tout s'illumine et grandit.

C'est donc, Seigneur, sans regret, sans tristesse,
Mais dans la joie et l'élan du bonheur,
Que je vous ai consacré ma jeunesse
Avec tous les battements de mon coeur.
Un sacrifice! Oh! non, c'est une fête
Pour votre Église et pour le paradis:
Ce sacrifice est déjà la conquête
Des biens éternels, infinis!