Que dites vous Seigneur? et quoi! votre âme est triste!
Triste jusqu'à la mort!
De vos apôtres même aucun ne vous assiste,
Et leur amour vous trahit ou s'endort!
Ah! laissez nous en ce jour, ô bon Maître,
A vos côtés nous jeter à genoux,
Pour compatir, prier, pleurer peut-être,
Et pour veiller une heure auprès de vous.
Quelle douleur par vous ne se change en délice,
Admirable Sauveur!
La goutte que l'on puise à votre amer calice
Donne à nos croix sa divine saveur.
Vous avez pris pour vous seul, au Calvaire,
L'horreur des maux devant fondre sur nous,
Ah! désormais l'exil est moins sévère:
Même il est doux, Jésus, auprès de vous!
Lorsque viendra pour moi cette terreur suprême
Du suprême abandon,
Qui me consolera? qui donc? sinon vous-même,
En me donnant le baiser du pardon.
Ami divin, dans la sombre agonie,
Quand tout ce monde aura fui loin d`e nous,
Rappelez-vous l'heure à jamais bénie
Où nous aimions pleurer auprès de vous!