Mon âme, ô Dieu, dans une douce ivresse,
Peut-elle assez exalter ta tendresse!
De l'univers toi le juge et le Roi,
Toi que le ciel contemple avec effroi,
Sous les dehors d'une humble nourriture,
Tu viens à moi, ta pauvre créature.

C'était trop peu pour ton amour immense
O mon Sauveur, de l'horrible souffrance
Que pour sauver les hommes autrefois
Tu supportas, cloué sur une croix.
Pour soulager notre grade misère
Il te fallait inventer ce mystère.

Quand, au banquet de ta dernière fête,
Ton cher disciple osait pencher sa tête.
Comme un ami, près de ton Coeur sacré.
De quel amour son coeur fut pénétré!
Si près de toi, bon Maître, que mon âme
Du même feu se réchauffe et s'enflamme!

Aux jours bénis de ton pèlerinage,
Quand tu passais de village en village,
O bon Jésus, partout tu répandais,
Autour de toi, le bonheur et la paix.
Je souffre aussi, que ta sainte parole,
Maître si bon, m'éclaire et me console!

Pour réparer la cruelle folie
Du fils ingrat qui t'outrage ou t'oublie,
Oh! laisse-moi, Jésus, en ce beau jour,
Baigner tes pieds de mes larmes d'amour
Comme jadis la douce Madeleine
De ses parfums répandait l'urne pleine.

Soutiens mes pas sur cette triste terre,
Et quand la mort fermera ma paupière,
Oh! donne-moi de m'envoler aux cieux,
Pour contempler ton éclat radieux,
Et de m'unir au choeurs sacrés des anges
Pour célébrer à jamais tes louanges.