Qui suis-je donc,
ô mon divin Rédempteur,
pour que vous m'ayez tant aimé,
et que vous l'ayez fait
avec tant de persévérance?
Qu'avez-vous reçu de moi
qui ait excité en vous cet amour,
si ce n'est du dégoût
et du mécontentement
qui aurait dû plutôt vous obliger
à m'abandonner
et à me chasser de votre présence?
J'accepterais, Seigneur,
toute sorte de châtiment,
mais non celui-là;
si vous m'abandonniez,
je ne pourrais plus vous aimer,
et c'est à vous aimer,
que je mets tout mon bonheur.
Je veux vous aimer autant
que peut le faire un malheureux pécheur,
qui, oubliant les faveurs
et les preuves d'amour
qu'il a reçues de vous,
s'est éloigné de vous
et a renoncé volontairement
à votre grâce
pour de vains plaisirs d'un moment.
Pardonnez-moi,
mon Jésus bien-aimé,
tandis que je me repens sincèrement
de tous les déplaisirs
que je vous ai causés.
Mais vous savez que je ne me
contente pas seulement du pardon;
je veux, autant que je le puis,
compenser par l'amour l'ingratitude
que j'ai montrée jusqu'à présent.
Une âme innocente vous rend grâce
de l'avoir préservée du péché;
je dois vous aimer, moi,
comme un pécheur rebelle,
condamné aux peines de l'enfer
pour ses péchés,
et toujours racheté par vous,
et ramené aux voies du salut,
riche de lumières,
de secours et de saintes inspirations.
O Rédempteur des hommes,
qui l'avez été si souvent de mon âme,
vous m'avez enfin montré tant d'amour,
que, vaincu par les preuves
que vous m'en avez données,
je n'ai pu m'empêcher de vous aimer
aussi et de placer en vous tout mon amour.
Je vous aime donc,
ô Bonté infinie,
ô Dieu infiniment aimable;
mais augmentez encore
ces saintes flammes qui me consument,
percez mon coeur des flèches
de votre amour;
pour votre propre gloire,
faites-vous aimer de celui
qui vous a le plus offensé.
Marie, ô ma Mère,
vous êtes l'espérance
et le refuge des pécheurs,
secourez donc un pécheur
qui veut se rendre agréable à Dieu
et n'aimer que lui.