O Marie, je l'ai compris:
vous êtes la créature la plus noble,
la plus sublime, la plus pure,
la plus belle, la plus bienveillante,
la plus sainte; vous êtes en un mot,
la plus aimable de toutes les créatures.
Ah! si tous vous connaissaient,
ô ma Souveraine!
si tous vous aimaient comme vous le méritez!
4 Ce qui me console,
c'est que tant d'âmes fortunées,
au ciel et sur la terre,
vivent éprises d'amour
pour votre bonté et votre beauté.
Je me réjouis surtout de voir Dieu lui-même
vous aimer plus vous seule
qu'il n'aime tous les hommes
et tous les anges ensemble.

Ma tout aimable Reine,
moi aussi, misérable pécheur,
je vous aime,
mais je vous aime trop peu.
Je veux un amour plus profond et plus tendre,
et c'est à vous de me l'obtenir,
car vous aimer est un signe
manifeste de prédestination,
une grâce que Dieu n'accorde
qu'à ceux qu'il veut sauver.

Je vois aussi, ô ma Mère,
les obligations que j'ai à votre Fils;
je vois qu'il mérite un amour infini.
Vous dont l'unique désir est de le voir aimé,
voici la grâce que par-dessus
toute autre j'attends de votre intercession:
obtenez-moi un grand amour pour Jésus-Christ.
Dieu vous accorde tout ce que vous lui demandez;
demandez-lui pour moi
que je m'enchaîne à sa divine volonté
au point de ne pouvoir plus m'en détacher.
Je ne sollicite point de vous les biens de la terre,
des honneurs ou des richesses,
mais uniquement ce qui est l'objet
de votre plus ardent désir:
je veux aimer mon Dieu.

Peut-il se faire
que vous refusiez de favoriser
une aspiration si agréable à votre coeur?
Non, ce n'est pas possible,
et déjà vous priez pour moi.
Priez, oh! priez,
et priez sans relâche,
tant que vous ne me verrez pas en paradis,
à l'abri pour jamais
du danger de perdre mon Dieu,
et assuré de l'aimer toujours
et de vous aimer aussi,
ô ma Mère bien-aimée.